Comme cela n’est jamais rappelé, il faut bien le faire : que ce soit par envois de polycopiés, par téléphone ou par le biais de plateformes internet, la très grande majorité des collègues dans le premier comme dans le second degré a fait ce qu’elle pouvait pour suivre au mieux les élèves pendant le confinement. Et alors que nous avions ou nos propres gosses, ou des directions d’école, ou des enfants de soignants à prendre en charge, ou d’autres soucis dont la santé, souvent sans compter nos heures, nous avons fait ce que nous pouvions pour trouver d’impossibles adaptations. Avec notre matériel personnel, nos timbres, nos forfaits, sans formation préalable aucune, on s’est débrouillé. Comme le rappelle un principal de collège nous rendant hommage : « Quelle entreprise oserait demander à ses salariés d’assurer du télétravail sans y mettre les conditions matérielles ? ». Et depuis la reprise que l’on soit en présentiel ou à distance, car personnel à risque, on continue à faire ce qu’on peut. Notons d’ailleurs que nombre de collègues concernés par la catégorie à risque, selon le décret du 5 mai, ont choisi de l’ignorer ou de revenir plus tôt, mettant ainsi leur responsabilité individuelle en jeu notamment vis-à-vis des assureurs… Et pourtant ? Pourtant ? Qu’est-ce qu’on se prend comme claques ! La machine à baffe est lancée…
Éditocrates de BFM, TF1 et LCI, spécialistes en tout et surtout savants en rien, qui nous définissent clairement : Bercoff sur LCI, journaliste proche de l’extrême-droite et ancien de Lui et Playboy (…et donc spécialiste es-educ nat’ !?), explique tranquille que si la question du droit de retrait s’est posée c’est que «ça veut dire : si vous avez envie d’être un peu feignasse, pas de problème » (cf article sur Télérama). Pas besoin de l’extrême-droite pour pratiquer le prof-bashing : Jean-François Copé, le maire de Meaux bien connu pour son souci constant de l’exemplarité, dénonce des abandons de poste pour cacher le retard de sa mairie dans la mise en place des protocoles.
Articles sans sources, partout repris, comme celui du Figaro (grand journal de défense des services publics…) qui accuse 50% des profs d’absentéisme… Même en partant de ces pseudos données, il n’y a pas besoin d’être balaise pour montrer qu’on a là une confusion entre présentiel et absentéisme et que c’est n’est pas parce qu’on est à distance qu’on ne bosse pas. De même Le Point d’expliquer que la solution serait peut-être de nous rogner un mois de vacances cet été. Pas bête ! C’est vrai que nous comme les élèves avons déjà eu des vacances paisibles pendant le confinement ! C’est vrai aussi que les écoles sont adaptées aux températures estivales, jamais nous n’avons eu à fermer pour canicule…
Ministres qui balancent les pires perfidies en off : « si les salariés de la grande distribution avaient été aussi courageux que l’Éducation nationale, les Français n’auraient rien eu à manger ». Ou, moins anonymes, ceux qui se lancent dans la course à la proposition la plus idiote : comme il se sentait distancé par le recteur de Créteil (cf notre dernier bulletin) et ses classes sans tables « comme en 1880 », notre Jean-Mimi veut des classes à l’air libre… ou l’art de proposer d’astucieuses recettes qui ne coûtent rien et ne solutionnent pas plus ! Mais là où Jean-Mich’ est vraiment un génie c’est quand, dans ses interviews depuis le 15 juin, il se fait passer pour un défenseur des enseignants alors que… le prof bashing c’est aussi son œuvre ! Par exemple, plutôt que d’émettre des doutes sur les pseudos révélations de l’œil du 20 heures de France 2 qui avait lancé la polémique annonçant plus de 40 000 « profs décrocheurs », notre ministre avait menacé de sanctions ces déserteurs… Pire, Jean-Michel Blanquer est même clairement à la baguette. Le 13 juin dans le JDD, la députée LREM Lang, rapporteuse des projets de lois de Blanquer Jean-Michel, co-auteur de « l’école de la confiance, soupçonnée par ailleurs de quelques « négligences » dans l’utilisation de son indemnité, avait publié la tribune qui fera enfler la polémique. La fille de Jack Lang y explique combien nous sommes des planqués et que nous avons besoin d’un grand souffle autoritaire… tiens, ne serait-ce pas ce que propose J-M B. réforme après réforme ? Comment lui en vouloir ? Quoi de mieux qu’une belle polémique sur les enseignants feignants pour faire oublier les promesses de revalorisation salariale faites pendant la bataille des retraites, ou combien l’école a montré sa fragilité et son besoin de moyens avec le covid ?
Antoine Guillaumie
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