Faut-il augmenter les enseignants ?

À défaut de cocher chaque case du cliché « bedaine, merguez, combo moustache-calvitie, t-shirt du Che » (ce qui n’empêche pas d’en cocher certaines…), quand on est syndicaliste il est difficile de ne pas avoir certains réflexes pavloviens.

Et quand le sujet du salaire des enseignants s’invite dans le débat public, la ou le syndicaliste jappe joyeusement… Car oui c’est un sujet ! Écartons tout de suite les faux débats. Bien sûr il y a plus mal lotis que les enseignant-e-s, c’est pourquoi le Snuipp-FSU 87 se bat notamment pour un vrai statut et une revalorisation des AESH. Bien sûr qu’il y a bien d’autres professions qui sont très lésées. C’est pourquoi vous avez pu lire maintes fois dans nos colonnes que nous soutenions notamment les revendications des soignant-e-s. Et puis quelle honte y aurait-il à exiger des sous ? Les dirigeants du Cac 40 qui viennent de s’octroyer des augmentations de près de 40 % en moyenne, cette année (après d’autres les autres années !) ont-ils eu honte eux d’encaisser un « pognon de dingue » ?

Une demande illégitime ?

Ne nous trompons pas, dans tous les secteurs les salarié-e-s sont gêné-e-s de faire ce genre de demande et trouvent toujours moins bien loti-e-s. Nous devrions un peu interroger la source de ce sentiment d’illégitimité de notre corps devant l’idée de réclamer une augmentation. Un sentiment bien confortable pour notre ministère.

Illégitimes ? Pourtant toutes les enquêtes le montrent nous avons toujours de sérieuses raisons d’être agacé-e-s. Les cacahuètes allouées par Blanquer l’an dernier, et aux échelons les plus bas seulement, n’y changent rien : les profs d’école perçoivent des salaires de 25 % inférieurs à ceux des autres cadres de la Fonction publique. En moyenne, un policier de catégorie B touchera 470 euros de plus qu’un PE pourtant catégorie A.

Et si on regarde au niveau international la baffe est plus grosse encore. Nous sommes toujours parmi les moins bien payé-e-s de l’OCDE alors que… contrairement aux clichés… nous sommes parmi celles et ceux qui font les plus d’heures ! Les salaires des PE français se situent près de 21 % en-dessous de leurs collègues de l’Union européenne, alors que le temps d’enseignement est de 900h/an quand la moyenne européenne est de 757h/an.

Ne pas demander d’augmentation, c’est préférer que la baisse continue ?

Certes Charlie Watts est mort et il est possible que nous n’obtenions pas satisfaction. Mais se résigner au silence, abandonner la lutte sur cette question là ce n’est pas seulement louper la possibilité d’une revalorisation salariale c’est aussi laisser les coudées franches au ministère de continuer à baisser notre salaire. Car il est en baisse et pas qu’un peu ! Rien qu’avec le gel du point d’indice depuis 2010 nous avons subi une baisse de plus 15 % (et plus de 30 % depuis 1982). En effet, avec un certain sens de la discrétion, les gouvernements successifs ont attaqué notre « pouvoir d’achat » en faisant en sorte que nos salaires ne soient plus indexés sur l’inflation. Le calcul est facile mais on a parfois la flemme. Alors pour situer les choses disons que ce n’est pas une perte ridicule : un ou une collègue à 2000€ devrait en fait en toucher 2300.

Une augmentation impossible ?

Continuons avec les personnalités britanniques décédées… certainement moins rock n’roll que le batteur cité, l’abatteuse de la City, Margaret Thatcher agitait le mantra libéral qu’il n’y avait pas d’alternative au sort social que nous subissons. Et cela s’est tellement ancré que, souvent, nous entendons que telle ou telle réforme attaque sociale, ne peut être envisagée autrement. Mais tout est affaire de choix politiques. Évidemment qu’à grands coups de cadeaux fiscaux aux plus riches, comme les 3,2 milliards perdus avec l’ISF, ou d’aides versées aux grands groupes (les mêmes qui versent des augmentations à leurs Pdg…), on ne peut en même temps augmenter Aesh, soignants ou enseignants.

Tout est affaire de choix ! Nous n’obtiendrons que ceux pour lesquels nous nous serons battus. Que ce soit des moyens pour l’école en général ou pour nos salaires en particulier… cela commence dans la rue le 23 septembre !

Vous trouverez tous les détails ici

Toutes et tous en grève le 23 septembre,

rassemblement à 10h30 devant le rectorat