Rilhac bien qui Rilhac le dernier ?
L’été nous l’avait changé… on avait retrouvé un ministre tout neuf. Il avait même trouvé une « barbe-qui-fait-cool » au milieu des tongs et des slips de bain soldés. Il nous aurait presque fait oublier que cela faisait bien quatre longues, très longues, années que nous le subissions. Mais, tout comme l’habit ne fait pas le moine, ce n’est pas parce qu’il fait moins séminariste que notre sinistre en est devenu moins autoritaire. Non, Blanquer n’a pas bougé d’un poil !
Celui qui n’a connu l’Éducation Nationale ni comme élève ni comme enseignant mais que comme recteur, reste ce ministre inspiré par les idées de la droite dure : en 2015 il dialoguait avec Causeur, SOS éducation ou Sens commun (site et groupes participants à la Manif pour tous), aujourd’hui il reprend les fake-news lepenistes sur l’usage que ferait les familles pauvres de l’allocation de rentrée ! Justement la loi Rilhac, à qui il vient de faire passer la première étape législative de l’adoption en commission (cliquez pour lire notre interpellation aux députés du 87), est l’aboutissement de son projet réactionnaire : créer des managers d’écoles, promouvoir la mise en concurrence plutôt que la recherche de l’égalité.
Longtemps éminence grise (le gris lui va si bien), il a eu le temps de mûrir son idée. Sarkoziste sous Darcos et Chatel, il était à la manœuvre pour créer le dispositif Éclair qui permettait le recrutement par les directeurs… mais les écoles se rebellent, projet à la poubelle. Macronien sous Macron, un tantinet revanchard, chaque occasion est bonne pour faire passer sa réforme :
– D’abord les EPLE qui créaient des « supers directeurs » rattachés comme adjoints au collège… les écoles se rebellent, projet à la poubelle.
– Il revient à la charge, sans honte, récupérant le suicide de notre collègue Christine Renon (qui réclamait l’inverse dans sa lettre !)… les écoles se rebellent, projet à la poubelle.
– Enfin il profite du délabrement des écoles marseillaises pour relancer la logique du dispositif Éclair mais… promis… ce n’est qu’une expérimentation locale !Puis de l’annonce d’un allègement du dispositif sanitaire pour faire passer le reste de sa réforme sous la forme de la loi Rilhac. Cette fois, son projet, on l’incinère ?
Loi Rilhac ou loi réac’ ?
«Expérimentation » marseillaise + loi Rilhac +cités éducatives et CLA (contrats locaux d’accompagnement qui remplacent les REP… les moyens ciblés ne dépendront plus des critères sociaux du quartier mais d’appels à projets!), c’est un feu d’artifice ultralibéral ! Et on ne voit pas bien comment il pourrait nous éblouir…
* Blanquer, passe l’école au kärcher : toutes les enquêtes, même celle du ministère en 2019, montraient l’opposition des collègues à son projet. Tout le monde convient qu’il y a besoin de repenser la question de la direction d’école, la dernière période l’a bien montré. Mais en termes de moyens, pas de statut ! C’est bien l’idéal démocratique originel des équipes d’école que veut briser Blanquer en donnant un « statut décisionnel du directeur sur le plan pédagogique et administratif ».
* Des directeurs-managers : arbitres des projets, donc acteurs de la mise en concurrence des écoles et responsables des moyens alloués (rappelez-vous les CLA…). Ils auraient aussi bientôt des missions de DRH en choisissant leur équipe, les rythmes scolaires (rappelez-vous l’« exception » marseillaise…) ou d’allouer les primes (ce que contenait déjà Éclair).
* Qui a le plus à y perdre ? Nos collègues en direction : en plus de les surcharger de responsabilités nouvelles, de les couper du reste de l’équipe en les transformant en chefaillons, Blanquer se fout des directrices et directeurs ! L’enquête de 2019 avait identifié les besoins : une formation, du temps de décharge, des emplois d’aide administrative. Alors ? Alors, les organisations, naïves ou pas, qui ont soutenu le projet Rilhac en sont pour leur frais : tous les amendements qui garantissaient cela ont sauté ! Des petits chefs oui, mais à petit prix ! Aucun engagement clair sur les aides administratives. La règle sur les décharges saute et est remplacée par une négociation au cas par cas entre l’académie et l’école. Pas de formation non plus mais c’est logique… oui, puisque la loi Rilhac prévoit aussi que les directeurs soient révocables à tout moment ! Pourquoi gâcher une formation, quand on peut jeter le ou la manager qui ne convient pas ?
Chargé-e-s de directions, équipes d’école, communauté éducative entière, idéal d’une école égalitaire et démocratique…
C’est tout cela que Blanquer, dans sa démesure libérale, s’est choisi comme adversaire !
Nous avons le nombre de notre côté il faut en faire une force !
Alors mercredi 29 septembre : Tous dans la rue ! 14h30 devant la préfecture
Puis le 5 octobre : Grève interprofessionnelle