
“La loi Rilhac, j’y comprends rien… on entend tout et son contraire”. C’est là l’opinion de nombre de collègues au sujet de la réforme de la direction d’école engagée par le duo Rilhac-Blanquer. Pas facile en effet de retrouver du sens au milieu de la noria d’articles qui inondent vos boîtes pro… Nous prenons notre part au déluge, c’est une vérité.
Pas facile non plus de voir clair là-dedans. Gouvernement et pro-Rilhac assumés, groupes obscurs de lobbyisme, organisations syndicales pro-Rilhac « modérées », opposants à la loi Rilhac : tous ont intérêt à vous convaincre. Loin d’être impartiaux, nous appartenons au groupe des opposants, c’est une vérité.
Alors essayons ensemble de démêler le vrai du faux et de mettre en lumière quelques mensonges et contre-vérités. Cela pourrait bien être démodé, à une époque où la production de fake news est devenu instrument de pouvoir et où un certain relativisme théorise l’inutilité de la recherche du réel. Mais le mensonge le plus efficace des dominants n’est-il pas de nous convaincre de l’absence de vérité ?
Alors qui et quoi croire ?
Répondre à cette question, pour nous, c’est déjà une manipulation… La vraie question aurait-dû être : qui et quoi écouter ? La réponse est alors très simple : les collègues et leurs besoins.
Même si le gouvernement, Blanquer, Rilhac, les lobbys comme le Gdid, des organisations syndicales minoritaires l’ont oublié : les experts de l’école et de son fonctionnement ce sont les collègues. Enquêtes après enquêtes, notamment celle du ministère en 2019, leur parole est claire : ce qu’il faut aux directions d’école ce n’est pas un statut hiérarchique, mais des moyens supplémentaires en terme de décharge, de personnels d’aide administrative et de formation. C’est d’abord parce qu’il n’a pas oublié la demande des collègues, parce qu’il s’en fait le porte-parole face à ceux qui veulent la passer sous silence, que le Snuipp-FSU s’est opposé à cette réforme. Représenter les collègues c’est notre seule légitimité, ainsi que celle des autres organisations (FO, Sud éducation, la CGT éduc’action) avec lesquelles il compose une intersyndicale largement majoritaire.
Alors, qui raconte des carabistouilles ?
Nous avons écouté les collègues mais pas seulement.
Nous avons pris le temps de rencontrer les députés locaux et de lire leurs réponses. Nous avons rencontré un de nos sénateurs et demandons toujours à voir la seconde. Nous avons pris le temps de lire la loi, de voir ses nombreux amendements. Nous avons pris aussi le temps de lire les organisations syndicales qui soutiennent peu ou prou toujours la réforme… chaque jour toujours plus du bout des lèvres… ou avec une pince de plus en plus grosse sur le nez. Elles moquent nos propos outranciers et s’auto-proclament réformistes, alors lisez leurs écrits aussi ingénieux qu’une chaîne de tri sélectif ! « Ce qui est miam miam et ce qui est caca dans la loi Rilhac ». Il y a quelque chose de stupéfiant à voir qu’elles pensent encore pouvoir y trouver des points positifs, et se moquent toujours autant de la parole donnée par la profession !
Pro-Rilhac acharnés ou plus modérés s’entendent tous sur un point. Ce sont les opposants qui mentent, ou seraient trop sots pour comprendre : la loi Rilhac ne donnerait pas d’autorité hiérarchique aux directrices et directeurs, ne les transformerait pas en manager. Pourtant députés et sénateurs de droite et du centre ont soigneusement fait sauter tous les amendements qui garantissaient l’absence d’autorité hiérarchique. Pourquoi ? Pour user moins de papier ? Et, curieusement, le Sénat vient d’ajouter un alinéa 10 à l’article 2 qui précise bien que les directeurs et directrices participeront à présent du « personnel d’encadrement ». Alors qui ment ?
Un doute subsiste encore ? Plus précis que nous ne le sommes, plus complet, moins suspect de partialité… Nous vous enjoignions à lire cet article du Café pédagogique.
Antoine Guillaumie